08/05/2021

LA BÊTE AUX MILLE VISAGES

 Rebonjour!

    Ceci est la troisième étape dans notre voyage à travers les vastes contrées de Transphobeland™! Si vous ne l'avez pas déjà fait, je vous suggère de passer d'abord par les deux premiers arrêts, que vous trouverez ici et !

    Dans le dernier épisode de nos aventures, nous avons plongé dans le grand bain et avons abordé une bonne tripotée de sujets sensibles. Pour tenter de calmer un peu le jeu, je vous propose aujourd'hui de vous emmener au cirque! Qu'est-ce que vous en dites?

On a vu comment les transphobes construisaient et présentaient leurs discours de haine pour les rendre plus accessibles, efficaces, et donner l'impression qu'iels n'ont pas tout à fait tort. Mais il est maintenant temps d'observer ce qui peut sortir de la bouche d'un-e transphobe quand on les laisse tourner en roue libre...

Sans plus attendre, allons voir notre premier numéro, celui du clown triste!



    L'artiste se nomme Graham Linehan, un scénariste de séries comiques relativement célèbre au Royaume-Uni, qu'on retrouve donc ici avec un texte qu'il a envoyé en mars dernier à la Chambre des Lords (l'une des parties composants le parlement du RU), traduit en français sur un site de "féministes radicales" (inhin). Personnellement, je connais ce gars uniquement parce qu'il semble s'être auto-proclamé chevalier du "féminisme" et a dédié sa vie au combat le plus noble qui soit: s'assurer de l'éradication totale de toute personne trans (on occupe son temps libre comme on peut hein). Linehan est un TERF, particulièrement zélé de surcroit, qui refuse catégoriquement de se détendre ne serait-ce que cinq secondes de peur qu'une personne trans puisse respirer en paix, quelque part dans le monde. Il s'est notamment fait remarquer lorsqu'il a décidé en 2018 d'attaquer Mermaids, une asso de soutien pour les enfants trans et leurs parents, en lançant une campagne afin de bloquer un don important que l'asso devait recevoir du gouvernement. Le plan a foiré, en partie grâce à l'aide de notre sauveur et transmasc icon Donkey Kong, mais Linehan ne lâche pas l'affaire pour autant. Et son état semble empirer avec les années. Contrairement à la Stern par exemple, et bien que les deux répètent essentiellement le même discours, ça fait longtemps que Linehan n'a plus vraiment la présence d'esprit de se planquer derrière les sous-entendus et les "ce n'est que mon interprétation". Avec lui on est toujours en mode "paranoïa ultime et panique absolue". Ce qui, soit dit en passant, pourrait arriver aux TERFs français-es si on les laisse mariner trop longtemps dans leurs déjections (si ce n'est pas déjà le cas). Un exemple parmi tant d'autres: la dernière fois que j'ai entendu parler de Linehan c'était la fois où il essayait de persuader tout le monde que la queer theory (un champ de recherche académique à part entière) n'était qu'un vaste complot pour normaliser la pédophilie, et manipuler les enfants afin de gagner leur confiance avant d'abuser d'elleux (réelle pratique pédophile qu'on appelle child grooming en anglais)...



Audacieux. Mais pas très original... Accuser les queers de pédophilie c'est quand même vraiment ringard! Essayez de changer de disque au moins une fois par siècle les réacs, ce serait sympa! Enfin bref, je m'égare.

    Je ne souhaite pas passer trop de temps sur ce texte car ça reste très proche de ce qu'on a déjà vu, et avec tout ce qu'on a déterré ensemble la dernière fois, vous pouvez sans doute vous passer de moi pour le décortiquer, à ce stade. Mais je pense que c'est un bon exemple de ce à quoi peuvent ressembler les mêmes discours lorsque le masque commence à tomber, lorsque les transphobes oublient (ou n'ont plus besoin) de faire semblant d'habiter dans le monde réel. Voyez plutôt:

"J’ai décidé d’utiliser ma plateforme sur Twitter pour attirer l’attention sur ce qui semblait être une attaque totale contre les femmes, contre leurs paroles, leur dignité et leur sécurité. J’ai également constaté que les enfants vulnérables étaient rapidement orientés [réf. nécessaire] vers une filière médicale qui avait de graves conséquences à long terme [réf. fortement nécessaire].

Je parle de sujets tels que [...] l’enjeu de l’irruption d’hommes dans les sports féminins, dans les prisons pour femmes, dans leurs centres d’aide aux victimes de viol [comme on le sait les femmes trans ne sont jamais victimes de viol]; je déplore aussi la destruction des principes de sauvegarde fondamentaux qui a conduit à tout cela, ainsi que la réduction au silence et les agressions infligées à des féministes, des médecinˑeˑs, des enseignantˑeˑs, des universitaires et des écrivainˑeˑs – quiconque, en fait – qui remet en question l’orthodoxie américaine à la mode de l’idéologie de l’identité de genre.

[...]

Si vous croyez que les hommes peuvent rivaliser équitablement avec les femmes dans leurs sports, y compris les sports de contact, alors vous êtes sous le charme. Si vous pensez que les hommes ne feront pas tout en leur pouvoir pour avoir accès à des femmes et à des enfants ["oppression is stored in the balls"], alors vous êtes sous le charme. Si vous pensez que des enfants de trois ans à peine [référence extrêmement nécessaire, Graham] peuvent accepter une procédure qui les aiguille sur une voie médicale pour leur vie entière, qui stoppe leur puberté naturelle [temporairement et de façon réversible] et qui n’a presque aucune preuve scientifique [à part toutes celles dont on dispose] de son efficacité comme traitement de la dysphorie, alors vous êtes sous le charme [je t'assure qu'on n'a aucune envie de te charmer Graham]."

    Ça devrait vous sembler familier tout ça maintenant. Je vais pas me fatiguer à tout réfuter à nouveau, on sait que c'est du n'importe quoi, relisez le dernier article si besoin. On retrouve toujours les mêmes thèmes récurrents, les discours à réchauffer au micro-ondes que les transphobes se passent entre elleux, sauf que cette fois-ci les sous-entendus complotistes ne sont plus timidement esquissés mais mis au premier plan: "attaque totale", "graves conséquences à long terme", "destruction", "réduction au silence", "vous êtes sous le charme" "vous êtes sous le charme" "vous êtes sous le charme"... Linehan vit à 100% dans la fiction concoctée par les transphobes, dans laquelle les lobbies trans attaquent sans relâche les femmes et les enfants, tout le monde se fait avoir par leur propagande, et les transphobes seraient le dernier bastion de la raison, le dernier rempart à leur faire face, et toute attaque contre elleux ne serait qu'une lâche tentative... d'empêcher le débat?! C'est bien ce qu'il répète plusieurs fois. Mais si nos attaques sont si terribles et si graves, pourquoi prétendre que c'est toujours une question de "débat"? À tes yeux on est en train de détruire ton monde, on a déclaré la guerre totale, on contrôle et façonne le discours public, et pour nous combattre tu veux juste... faire "reconnaître la pluralité des points de vue sur le sujet"? C'est vraiment tout? Graham? Hello?

    Astuce de propagande: utiliser ta défense "je veux juste discuter" ça marche un peu moins bien quand t'as déjà activé ta carte "un terrible complot mondial met en danger la vie de nos femmes et de nos enfants". L'écart entre la menace et la solution proposée me semble un peu grand pour le coup. On pourrait limite croire que la menace est exagérée et que la solution c'est du pipeau. Limite. D'ailleurs en parlant de pipeau, quand on invente un complot il faut bien trouver des gens à mettre à sa tête, et on a de la chance car Linehan se risque à donner quelques indices sur ce qui se tramerait vraiment derrière le "transactivisme"...

    "Le magazine Pink News, qui est en partie financé par Google [hmmmm], a publié 42 articles contre elle [JK Rowling, TERFette suprême] en une seule semaine, soit six articles par jour.

[...]

Je réalise maintenant que je faisais face à un monstre bien plus puissant que je ne le pensais. Ces plates-formes [les réseaux sociaux] façonnent le débat et vous décrètent intouchable lorsque vous refusez de jouer selon leurs règles.

[...]

Les féministes ne sont que le canari dans la mine de charbon dans ce monde à l’envers où le discours public dépend des caprices d’un petit groupe d’hommes de la Silicon Valley [aha!]. L’idéologie de l’identité de genre a débuté dans les universités américaines [apparemment on est vraiment né-e-s de la dernière pluie dis-donc], est diffusée de manière acritique par les médias populaires [lol], mais les entreprises de médias sociaux et leurs utilisateurs en sont les exécutants."

On se demande un peu ce que Google et Twitter auraient à y gagner, mais l'idée est lancée: non seulement nous cherchons à réduire les femmes au silence et corrompre les gosses mais en plus on le fait pour le compte des milliardaires du web! Arrivé-e-s à ce stade on peut même compléter par n'importe quelle autre théorie du complot, parce que tout le monde sait que Google est entre les mains des marxistes satanistes juifs!!!!! Je ne dis pas que c'est ce qu'il pense, je dis qu'il a fait tout le nécessaire pour que quelqu'un d'autre puisse sans mal adapter ses propos et y glisser son antagoniste préféré (et pourquoi pas rejoindre la lutte contre nous tiens). De même, les sous-entendus de Stern et Mathoux laissaient bien assez de place pour combler le vide par soi-même. On s'allie à qui on peut je suppose??

    "Les médias sociaux ont créé un monde de derrière le miroir qui prive toutes et chacun de sa liberté de pensée. Ma déclaration finale sur Twitter, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, était tout simplement, « Les hommes ne sont pas des femmes ». Un monde où des déclarations comme « Les hommes ne sont pas des femmes » sont qualifiés de discours haineux est un monde au bord du chaos."

Parce que tu disais ça comme ça bien sûr, sans contexte ni sous-entendu, "les hommes ne sont pas des femmes" c'est juste un truc parfaitement normal qu'un mec lambda va tweeter sans arrière-pensée et ça n'a rien à voir, rien à voir du tout, avec la Stern qui dit "nous sommes des femmes car nous avons des vulves" ou l'incident avec la définition du dico qu'on affiche à la vue de tou-te-s. C'est juste complètement fortuit, c'est du bon sens c'est rationnel on n'est absolument pas en train de signaler notre appartenance à certains groupes haineux et ah bah tiens vlà les trans qui gueulent encore! Voyez comment c'est des pions sans cervelle qui font que rager!

    Ne vous méprenez pas: le genre de "débat" que Linehan défend, les arguments raisonnés qu'on essaie de réduire au silence malgré ses lamentations, c'est juste sa liberté de pouvoir nous haïr et nous harceler sans conséquences. Le voir utiliser son compte Twitter pour prendre à parti une personne trans (ou alliée) et la désigner comme cible face à ses dizaines de milliers de followers qui allaient gaiement la persécuter pendant des jours, c'était devenu une routine. Il était tellement intenable qu'il est parvenu à se faire bannir de Twitter! La plateforme qui refuse de bannir ses nazis! Ça peut vous donner une idée. Mais apparemment c'est de notre faute s'il en est là, comme pour tout le reste. Il a tout de même raison sur un point ce connard: le harcèlement sur les réseaux sociaux est un énorme problème, et il est vrai que ces plateformes encouragent implicitement les comportements les plus toxiques, qui dans les pires des cas peuvent pousser leurs victimes jusqu'au suicide. Linehan sait très bien tout ça, puisque c'était son passe-temps favori. Le harcèlement d'une personne peut être extrêmement dangereux, et je considère que même contre les ordures les plus répugnantes (comme quelqu'un qui souhaite notre mort et œuvre en ce sens, exemple pris au hasard) ça devrait être une arme de dernier recours absolu (et jamais, jamais, jamais utilisée aveuglément)... Mais vous m'excuserez si j'ai tout de même du mal à prendre sa peine au sérieux. Il sait très bien que ce n'est pas une question de débat. Il pense qu'on est l'ennemi ultime, il répond en conséquence en cherchant à nous pourrir la vie le plus possible et va jusqu'à faire pression sur les politicien-ne-s pour s'assurer d'arriver à ses fins. Mais une part de lui sait qu'il ne peut toujours pas appeler ouvertement au génocide, donc il répète encore que c'est juste pour préserver le débat (ou, en d'autres termes, la "liberté d'expression").


    Bon. Je pense qu'on peut se permettre un petit récap' sur les TERFs, vu qu'on en a fini avec leurs billevesées (pour le moment): les TERFs sont un groupe militant qui a pris pour cible une minorité sociale, qui se retrouve donc accusée de tous les maux de la Terre et d'être un danger pour la société en général, mais est accusée en particulier de "coloniser" tel ou tel espace, de vouloir s'introduire partout et tout "ramener à elle", tout transformer et assimiler. Si cette minorité cherche à "s'introduire" partout c'est donc, implicitement, parce qu'elle n'a sa place nulle part. Autre accusation phare: la minorité aurait pour but d'agresser, corrompre et violer femmes et enfants. Les TERFs considèrent cette minorité comme étant un ennemi à éliminer (ou tout du moins à réduire au silence et chasser de tout espace imaginable), et leurs discours sont conçus pour inciter à la haine et donner des justifications aux actes violents, mais iels cachent généralement leurs véritables intentions derrière des euphémismes et des sous-entendus. Les TERFs aiment aussi se réapproprier les rhétoriques de mouvements progressistes (en l'occurrence le féminisme), mais si on prend le temps d'examiner le fond de leurs discours il devient vite évident que leurs objectifs sont radicalement opposés et incompatibles. Leur tactique principale est de prendre le plus de place possible et répéter les mêmes mensonges jusqu'à ce que tout le monde y croie, ou au moins générer assez de crainte et de confusion pour qu'on les laisse faire. Pour se protéger de toute critique les TERFs se cachent derrière une vision simpliste et faussée de la liberté d'expression, et toute réaction négative à leurs actes ou discours est présentée elle-même comme un acte d'intolérance et de discrimination.

Une personne plus audacieuse que moi pourrait ici faire un parallèle avec d'autres groupes militants extrêmement similaires notammentlesfascistes mais jamais je n'oserais.


    Ok, laissons un peu les TERFs de côté parce qu'iels commencent à me lasser. Passons au clou du spectacle, avec un clown assez extra qui, donnons-lui au moins ça, exprime sa transphobie avec plus d'originalité que le zigoto précédent: j'ai nommé Yannick Rolandeau! On l'applaudit bien fort!


ceci est une véritable image utilisée dans un véritable texte parlant véritablement de la transidentité

    Je vais vous le dire tout de suite: le ptit Yannick, c'est un champion, un vrai! Le genre de gars qui, nous assure-t-il, a lu beaucoup de livres et acquis beaucoup de savoirs, mais a manifestement déployé tous ses efforts pour s'empêcher d'apprendre quoi que ce soit! Apparemment il aurait écrit des bouquins sur le cinéma, et j'imagine qu'ils doivent être assez succulents parce que son article c'est tout simplement une mine d'or, c'est du pur génie! Ça va être extrêmement difficile pour moi de combattre mon instinct premier, et m'empêcher de citer la totalité de son article en rajoutant juste "JPP!!!! 🤣🤣😭" toutes les trois lignes... Je vais faire de mon mieux pour lutter et dégager un sens de ce texte malgré tout... mais bordel Yannick t'es un artiste! Je t'envie, je t'admire! Il en faut du cran, pour t'imaginer tout savoir sur un sujet après avoir regardé l'Eurovision et trois ou quatre films, puis affirmer avec autant d'aplomb tes théories sorties de ton puissant intellect avant de déposer ton putain d'article de blog à la SACD! Mais oui putain Yannick vas-y faut avoir confiance en soi dans la vie t'es un modèle pour nous tou-te-s! Et comme mentionné dans la première partie de cette série, ton article de 2017 se retrouve on ne sait trop pourquoi parmi les premiers résultats que j'ai trouvés sur Google, donc s'il y a bien une chose à retenir de cette histoire c'est que le culot ça paye. Bref. Mettez vos masques, on plonge.

    "Dans les années 1950-1960, un féminisme de l’invention veut sortir les femmes des stéréotypes (mère, épouse, amante) de pair avec une « libération » sexuelle, chose que le libéralisme devait permettre pour asseoir la société de consommation. Notamment grâce à Simone de Beauvoir quand elle écrit cette phrase célèbre dans Le Deuxième sexe : « On ne naît pas femme : on le devient », un non-sens. Elle ajoutait juste après, ce qu’on oublie : « Aucun destin biologique, psychique, économique ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c’est l’ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu’on qualifie de féminin. » C’est-à-dire le remplacement du biologique par le culturel. Ce qui amène à la théorie du genre directement. Or, si on prône l’égalité, on naît femme comme on naît homme. Car tout bien considéré, les hommes ne naissent pas homme car ils sont tout autant exploités que les femmes. Ici se loge la contradiction principale de ce féminisme, l’égalité du sexe par un corporatisme sexiste, c’est-à-dire la valorisation du sexe féminin."

Pardon de vous agresser ainsi en vous laissant son charabia tel quel, mais c'est pour que celleux qui n'osent pas lire l'article d'iels-mêmes se fassent une idée du bousin. Au passage, ça nous permet aussi de dégager tout de suite ses thèmes essentiels!

    Premièrement: "... chose que le libéralisme devait permettre pour asseoir la société de consommation". L'accusation du jour, ici dirigée contre la libération sexuelle des sixties mais répétée tout le long de l'article, c'est que la transidentité (et le féminisme, il semblerait) seraient le fruit d'un "libéralisme" forcené, et ça participerait de la société de consommation. En gros. D'après notre expert la transidentité ne serait qu'un nouveau moyen de contrôle du "système" ou des "décideurs" qui chercheraient à nous mener vers le transhumanisme et nous changer en machines, essentiellement. Là maintenant là tout de suite vous avez sans doute l'impression que j'exagère, mais vous verrez bien par vous-mêmes. Le libéralisme en particulier revient tout le temps, mais en lisant son article je ne suis pas sûre que Yannick et moi partagions la même définition du mot. On pourrait penser qu'il parle de l'idéologie politique, ou plus particulièrement du néo-libéralisme qui domine aujourd'hui, mais j'ai plutôt l'impression que par "libéralisme" Yannick veut dire "excès de démocratie", notamment parce qu'il cite Baudrillard ("Le pouvoir des autres de disposer de votre vie est un abus. Mais le droit et le devoir pour chacun de disposer de soi-même est plus dangereux encore.") juste après avoir lui-même dit:

"La Démocratie est devenue la Cour des miracles, offrant davantage que ce que les personnes peuvent désirer. Processus enclenchant une victimisation perpétuelle relayée par les médias, les réseaux sociaux qui, par la prolifération instantanée du virtuel et de l’image, amplifient le phénomène. Tout le monde peut s’autocongratuler, s’admirer dans les yeux des autres, se mettre en valeur narcissiquement tel un produit vaisselle, et dès lors, le système se valide lui-même et formate les individus sur le même mode."

Oui il parle toujours de transidentité hein. Comme pour Graham, les réseaux sociaux et les médias sont dans le coup, et bien sûr c'est les trans qui jouent les victimes et s'inventent des oppressions. Sauf que je croyais qu'on était les ennemi-e-s du féminisme? Ohlala mais on est les pions de qui au final j'arrive plus à suivre! Notez l'idée de formatage des individus et comment le "système" finirait alors par nous traiter comme des produits, ou même nous conditionner à nous penser comme tels. C'est marrant parce que là Yannick est à deux doigts de lâcher sa fanfic et parler du monde réel! Genre en gros il évoque la marchandisation (qui est effectivement un vrai truc qui se passe), c'est-à-dire le fait que le capitalisme transforme tout, y compris les corps, idées et interactions humaines, en marchandises et en transactions, en ressources à exploiter... sauf qu'il met tout ça sur le dos des trans et des féministes, merci mec! ok! bravo l'analyse politique! 20/20! aucun souci!

    Mais reprenons avant que je ne m'égare trop... La deuxième idée phare de son article est bien gentiment mise en évidence ici: "« On ne naît pas femme : on le devient », un non-sens." En s'opposant aussi fermement à la célèbre citation de Simone, il affirme clairement ce que tou-te-s les transphobes défendent, c'est-à-dire l'idée que notre genre est purement basé sur notre sexe et sur la biologie (ou leur idée de la biologie en tout cas) et que, essentiellement, tout découle de là. On naît femme, on ne peut le devenir. Yannick en particulier insiste sur l'inné, le "naturel", qu'il met en opposition au "féminisme de l'invention" qui oserait donner des choix là où il n'y en aurait pas à faire, des choix illusoires, "offrant davantage que ce que les personnes peuvent désirer". Alors ok oui je veux bien comprendre que pour un mec cis ça ait l'air de se passer comme ça de loin si on fait pas gaffe, mais les féministes et militant-e-s pro-trans donnent pas vraiment des nouveaux choix tous frais tous beaux aux gens, en tout cas pas quand il s'agit simplement d'admettre et défendre l'existence de la notion de genre, des personnes intersexes et des trans... Iels révèlent des possibilités qui ont toujours existées, mais qu'on ignorait, ou qui ont été cachées, oubliées, passées sous silence, voire activement diabolisées (comme par exemple dans tous les articles présentés dans cette série, tiens). Essayer de créer un espace dans lequel les gens ont la possibilité de remettre en question leurs idées préconçues et prendre les décisions qui leur conviennent le mieux, c'est pas tout à fait la même chose que développer une stratégie marketing pour manufacturer un besoin factice chez ces gens. En fait. Vois-tu Yannick.

    "Nouveau ciel idyllique, cool et non marqué, déconnecté de toute relation avec le réel, un être humain sans gravité, en apesanteur, pouvant enfiler tel ou tel personnage dans son autofondation culturelle, narcissique et égocentrée que les décideurs peuvent alors promouvoir ou récupérer. « Désirez ce que vous voulez être, nous sommes là pour produire et vendre. »"

Plus loin: "Le coup de force du Capital est d’avoir intégré les formes les plus radicales et les plus contestataires du capitalisme. De coloniser la subjectivité humaine et de la mouler à son logiciel. Ainsi, il peut imposer d’une façon abstraite les droits de l’homme pour une politique d’épuration éthique, pouvant dès lors véhiculer une idéologie pure et sans taches, sans ombre puisqu’elle est auto-sanctifiée par les droits divers et multiples, mettant en avant ce qu’on a appelé le sociétal (contre le social). Le terme n’est pas seulement politique et économique (laboratoires, marché, recherches scientifiques, maintenance), mais symbolique, de façon à aligner toutes les sociétés sur cet horizon bleu sans nuages, destiné à exercer un plus grand contrôle sur l’individu sous le paradis artificiel d’une liberté absolue. En réalité, un cauchemar climatisé sous assistance respiratoire. Impérialisme new age."

Le n'imp' est puissant, et de qualité. Le pire dans ces élucubrations c'est qu'il y a, sans aucun doute, une véritable discussion à avoir sur la manière dont le pouvoir institutionnel (l'État, les médias, les entreprises privées, etc...) tente bel et bien de récupérer et détourner les idées radicales et marginales, et comment cela impacte les milieux militants ainsi que les communautés queers. C'est un vrai concept, encore une fois. Comment un discours sincèrement contestataire peut être blanchi, assagi, instrumentalisé pour servir le pouvoir... Ou tout simplement marchandisé et revendu. Comment un besoin de liberté peut être récupéré pour qu'on nous vende à la place l'illusion de l'affranchissement. Rien à voir, mais est-ce que les ados portent toujours des T-shirts du Che ou c'est passé de mode? Mais bien sûr Yannick ne parle pas vraiment de tout ça parce que ça impliquerait de s'intéresser au monde réel, et manifestement il a pas besoin d'une chose aussi futile que le réel pour former son opinion d'expert.


il le fait deux fois ce con

    Notre expert, donc, nous accuse tantôt d'être déconnecté-e-s de la réalité de nos corps et de vivre dans "l'abstraction":

"On est en plein créationnisme. Cette élucubration cérébrale prétend non seulement déconnecter fantasmatiquement le corps biologique de la psychologie, mais de toute la réalité. Un pur idéalisme subjectif."

Tantôt de tout ramener à nos organes:

"... l’être humain est devenu son propre Dieu, par le simple fait de son ressenti ou de son égoïsme/narcissisme, exhibant dans la sphère publique un fragment de son être qui devrait rester privé : le sexe."

Encore faudrait-il que Yannick sache de quel crime il nous accuse avant d'essayer de nous juger. Personnellement je n'ai jamais croisé de personne trans prétendant sincèrement que nous ne serions que des êtres de pure pensée, entièrement malléables. Au contraire on tend à avoir extrêmement conscience de nos corps. J'ai pas trop vu non plus de personnes trans nier absolument la notion qu'on puisse avoir une part d'inné, ou qu'une part de notre être puisse échapper à notre conscience et notre contrôle. Si l'expert avait pris la peine de s'interroger sur ce que les "transactivistes" revendiquent, il aurait sans doute remarqué qu'iels tendent à s'opposer aux thérapies de conversion, ainsi qu'aux procédures de réattributions sexuelles non consenties (deux formes de torture encore employées de part le monde, y compris en France). Il aurait pu en déduire avec son intellect supérieur que, par conséquent, ces militant-e-s admettent ouvertement que malgré toutes ses transformations, un individu ne peut se plier à tous les caprices, se fondre dans tous les moules sans conséquence négative. Il aurait pu remarquer, enfin, que le consentement est une notion extrêmement importante dans leurs discours, et qu'il y aurait donc une chose profondément ancrée au sein d'un individu, qui lui permettrait de se construire en tant que tel, et qui vaudrait la peine d'être respectée et préservée. Mais l'expert n'a rien remarqué. Curieusement.

    "C’est dans cette configuration inédite que l’idéologie trans apparaît où il s’agit de réaliser l’éclatement de toute l’anthropologie humaine, quitte à ce qu’une femme ou un homme veuillent changer de corps ou se sentent dans un corps qui n’est pas le leur. Paradoxe des paradoxes. Mais alors où est-il ? Le transgenre ou le transsexualiste sont comme des personnages de cinéma qui croient réellement aux rôles qu’ils jouent sur la scène médiatique en ayant oublié la réalité de leur être réel."

Cette citation en révèle bien plus que Yannick ne le réalise, je pense. Pour commencer, "je suis né-e dans le mauvais corps" c'est pas vraiment ce que tu nous entendras dire, en tous cas pas si tu prends la peine d'aller glaner des avis divergents. C'est plutôt ce que disent les personnes cis à notre sujet, c'est la manière simpliste qu'iels ont trouvée pour rationnaliser notre existence au sein de leur vision binaire du genre, et par extension c'est le genre (éhéhé) de mensonges qu'on peut se voir forcé-e-s de répéter afin que les cis daignent nous laisser tranquilles cinq secondes et nous laisser accéder aux soins qu'on réclame. Je ne suis pas née "dans le mauvais corps". D'ailleurs je ne suis pas née dans un corps, tout court. Je suis mon corps, et mon corps c'est moi. Vouloir changer mon apparence physique n'est pas plus ou moins paradoxal que faire des efforts pour avoir une meilleure santé mentale, et donc changer mon état d'esprit. Quoi qu'on fasse on se transforme tout le long de notre vie. Autant adopter une forme plus confortable. Mais encore une fois toutes les personnes trans ne voient pas les choses de la même manière. En tous les cas il est évident que Yannick ne connaît rien à rien, n'a pas beaucoup cherché, mais pense néanmoins être en mesure de trouver les failles de notre "idéologie". On lui souhaite bien du courage parce que c'est pas gagné.

    Jugez par vous-même:

"Le fameux Tom Neuwirth se décrit comme ayant deux personnalités : Tom, un homme dans la vie privée et, une femme, Conchita Wurst, travestie sur scène. Parodie d’homme ou de femme pour éviter d’être l’un ou l’autre. [...] On voit bien, d’un côté, cette volonté subjectiviste de l’individu postmoderne enfermé dans son égoïsme et régression infantiles, et de l’autre, d’exhiber cette volonté sur la place publique afin d’être connue et reconnue, espèces sonores et trébuchantes à l’arrivée. S’il n’y avait pas cette notoriété comme gratification narcissique à la face du monde, on n’en entendrait plus parler. Les publicitaires ont immédiatement récupéré ce produit humain par l’intermédiaire du casque Zik 2.0 de Parrot. C’est dire si cette rebellitude d’État a de beaux jours devant elle, idéologie en vogue aussi coriace à craqueler que le structuralisme, le stalinisme et tous les paradis compensatoires vendus comme substitut à la réalité."

Yannick non!! 😭! Mon ptit chou mon bébé tu pars complètement en vrille!!! En fait, Yannick, génie suprême, lumière de ma vie, Conchita a l'air d'être un personnage fictif, artificiel et factice parce que, comme tu l'as dit toi-même, c'est un rôle? Un rôle que Tom joue? C'est une drag queen? Pas une femme trans? Genre tu t'es pas demandé à un moment si le fait que tu avais l'impression que les trans se perdaient dans les images et le paraître, et en étaient récompensées matériellement par la célébrité et des contrats avec des grandes marques... Tu t'es pas demandé, ne serait-ce qu'une fois, si c'était pas lié au fait que ton analyse se base sur les apparitions médiatiques d'une drag queen? T'as vraiment cru que tu pouvais connaître intimement les réalités concrètes de nos expériences en observant les interviews d'une star passée à l'Eurovision???? Tu confonds un personnage passé à la télé avec de vrais êtres humains et tu viens nous dire qu'on se perd dans nos propres représentations???

C'est un trésor ce mec, un trésor j'vous dis!

    "Et c’est bien le problème de faire passer ce qui est de l’ordre de l’imaginaire ou du fantasme pour l’inscrire dans la réalité. Confusion totale entre les deux. On retrouve cette même contradiction dans la PMA."

Ding dang dong! Monsieur Rolandeau votre dignité s'est perdue et vous attend à l'accueil, Monsieur Rolandeau. Je vous invite à apprécier le fait qu'il nous pose la PMA ici sans élaborer par la suite, il n'ajoute pas un seul mot pour expliquer le rapport... D'ailleurs il fait le coup plusieurs fois dans son article, de sortir un truc complètement pété et le traiter comme si c'était une évidence pour tout le monde... Enfin j'imagine que le rapport c'est juste "les gens osent vouloir exercer plus de contrôle sur leur vie et leur corps", ce qui bien sûr est un horrible scandale car, comme il le dit lui-même, "C’est toute la réalité qui est menacée de disparaître". On n'est plus en train de lire un article à ce stade on est en train d'observer un train qui déraille:

"Orwell 2.0. Si l’on peut changer le genre par un autre, si l’on peut changer le sexe d’un être par un autre, on se demande bien en quoi l’on ne peut pas greffer l’homme à la machine. Et de réussir ce saut anthropologique par les droits de l’homme. Le laboratoire du docteur Frankenstein enfin réussi. Les nouveaux mutants."

Je m'incline. Je suis émue. Il existe donc vraiment. Le génie à l'état pur. L'Homme de Raison. Est-ce que le Yannick pète un câble à chaque fois qu'une personne décide de muter en se faisant tatouer, ou se déconnecte fantasmatiquement de son corps biologique en prenant la voiture? Je n'irai pas lire le reste de son blog pour vérifier.

    "On comprend pourquoi un tel idéalisme subjectif est encouragé par les gouvernements et la Silicon Valley [encore elle, décidément] pour créer un hyperlibéralisme numérique. Nouveaux produits, nouveaux publics, vente de sexuation avec nouvelles prothèses et service de maintenance, clonage [de quoi?], inceste [de quoi??], zoophilie [de kooooaaaaaaaaaa???], tout devient possible dans cette immanence radicale du droit à, fondé simplement sur le ressenti de l’égoïsme libéral. C’est l’hubris, le développement métastasique de la subjectivité.

Que cette théorie naisse dans les cercles universitaires bourgeois des grandes villes ne devrait pas surprendre."


pardonjaipaspurésisterjeperdslecontrôlesauvezmoi


Donc on a été inventé-e-s par les bourgeois maintenant? Ravie de l'apprendre. Ces sales universitaires bourgeois, toujours à inventer des idées cheloues alors qu'on leur a rien demandé et que la Scionce™ est de notre côté donc arrêtez de chercher et nous contredire arrêtez ça!!!! Et bien sûr, évidence désormais absolue en 2021, l'État libéral les aide sans vergogne ces ptits bâtards d'académicien-ne-s!! C'est tellement vrai qu'on retrouve la même idée un peu plus tôt dans l'article:

"Il n’y a pas de doute que le libéralisme derrière une telle idéologie (sinon elle ne serait pas enseignée par l’État à ce point) s’attache à couper l’individu de tout substrat anthropologique, à le déréguler sans cesse, à en faire une pâte à modeler infinie, réalisant les pires prédictions des auteurs comme Aldous Huxley dans Le Meilleur des mondes.

Cette politique sainte est reprise en chœur par nos têtes chercheuses des milieux bourgeois et petits bourgeois des grandes villes avec un dogmatisme faramineux contre le reste de la population."

Mais c'est de l'or! en! boîte! L'État français nous soutient bien sûr! Le même État français qui, jusqu'en 2016, pouvait exiger de nous qu'on subisse une opération chirurgicale irréversible et stérilisante si on souhaitait changer notre genre légal! Tout se tient! Ohohohoho les pièces du puzzle se mettent en place Yannick, t'as tout compris t'as flairé le gibier champion!

    "C’est d’autant plus vérifiable que l’égoïsme ayant remplacé la conscience, ces groupuscules sectaires et passionnés sont des machines à exclure. Je n’oublie pas leur tête de turc favorite, l’Église ou l’extrême droite, etc., comme si la nature ou l’hétérosexualité, voire l’assignation naturelle du sexe, appartenaient en soi à l’Église ou à la politique. Ce qui leur permet en brandissant ces vieux et poussiéreux épouvantails d’avancer évidemment plus loin. Tous ceux qui contreviennent à leurs délires passent automatiquement dans le camp des réactionnaires et des fascistes, voire des nazis, des catholiques et des aristocrates. Dès lors, on peut les bannir, les expulser avec une bonne conscience lyncheuse."

Bon allez. Fini de rire. J'avoue tout. Tout ce qu'il dit est vrai. Je vous demande pardon. Je vous ai menti-e-s. Il n'y a aucun rapport entre la transphobie, l'extrême droite et la religion. Aucun. Du tout du tout. Ce n'est rien de plus qu'une lâche tactique pour vous rallier à ma cause et diaboliser mes ennemi-e-s. D'ailleurs l'extrême-droite et la religion chrétienne n'ont plus aucune influence politique de nos jours, c'est pourtant évident. Ne lisez pas la quatrième partie de cette série. Je répète, ne lisez pas la quatrième partie de cette série. Tout ce qui vous y trouverez sera inventé de toute pièce. La religion n'a rien à voir avec ce que notre culture considère être naturel ou non. La transphobie n'a rien de politique. D'ailleurs Graham faisait juste semblant d'essayer d'influencer son gouvernement. Toutes les comparaisons avec les tactiques des fascistes que j'ai évoquées précédemment, c'était un leurre. Tout ce que j'ai cité, directement, et retranscrit tel quel, c'était du pipeau. En fait c'est moi-même qui ait écrit tous ces articles afin de décrédibiliser les transphobes. La vérité vraie c'est que Stern, Mathoux et Linehan ne sont que des costumes que j'enfile pour convaincre le monde de se convertir à mon culte. Vous auriez dû remarquer qu'on n'apparaissait jamais au même endroit au même moment!

    Je pourrais encore passer des heures à m'amuser avec cet article, il est vrai qu'il y a de nombreux autres sujets que Yannick mentionne dans son torchon. Mais maintenant que les masques sont tombés, je pense qu'il est temps d'en finir avec tout ce cirque. Roulement de tambour, âmes sensibles cachez vos yeux... Achevons la bête!

"N’en déplaise à Éric Fassin, l’hétérosexualité est un fondement naturel [t'es sûr de toi?]. Si les hommes rechignent à prendre les congés parentaux, c’est bien parce qu’ils n’ont pas porté l’enfant pendant neuf mois, qu’ils ne l’allaitent pas et qu’ils ne lui ont pas donné vie [tu en révèles beaucoup trop sur toi mon gars]. La nature n’a pas offert à l’homme un pénis pour qu’il ne le mette pas dans le vagin de la femme [je vomis], et que tous les deux se secouant l’un sur l’autre avec entrain [je vomis très fort], donnent naissance à un mouflet qui va perpétuer l’espèce [t'as pas trouvé un moyen encore plus bizarre de dire ça?] sinon comme le disait Oscar Wilde : « Si Adam avait été homosexuel, personne ne serait là pour le dire. » [aucun rapport avec la religion on a dit, est-ce que tu peux suivre le script Yannick s'il-te-plaît?] Les hétérosexuels ont-ils fait à l’âge des cavernes de bruyantes manifestations pour réclamer le droit de se marier ? [hein??]"

Et attention le grand final........

"En tant qu’homme, je suis ravi de ne pas pouvoir accoucher (même si j’aimerais en faire l’expérience mais serais-je content ?) et je dois accepter cette « perte fondatrice » pour me constituer en tant qu’homme devant une femme qui, elle, l’a (mais elle n’a pas ce que moi j’ai), ce qui permet la beauté et la poésie d’une incomplétude réciproque."



    Bravo Yannick! Tu peux être fier de toi champion! Contrairement aux transphobes précédent-e-s tu as osé aller jusqu'au bout de ta pensée et l'exhiber fièrement au monde. Non seulement tu as réduit l'être humain à ses simples fonctions reproductrices (point de vue qui n'a, rappelons-le, rien de politique, et surtout absolument aucun rapport avec la religion chrétienne), mais tu es allé encore plus loin! Tu t'es basé sur ton point de vue masculin pour définir le féminin comme son contraire, son opposé complémentaire, deux seuls sexes tels le yin et le yang, et dans le même mouvement tu te sers de ce contraire fantasmé pour te définir en tant qu'homme, pour affirmer ta masculinité. Tu as créé un Autre afin de façonner ton identité propre. Yannick. C'est ce que décrit Simone de Beauvoir. Dans la citation que tu as toi-même inclue dans ton article afin de la réfuter: "Aucun destin biologique, psychique, économique ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c’est l’ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu’on qualifie de féminin". Tu viens de décrire, avec précision, son "castrat". Le féminin contraire, le féminin comme manque, le féminin comme opposé, qui n'existe que pour t'aider à te définir, toi, comme étant masculin. Double modèle factice que tu utilises tout le long de ton texte pour juger les êtres de chair et de sang, pour rejeter les personnes qui n'y ressemblent pas assez. Les "produits intermédiaires" condamnés à vivre dans l'ombre de deux archétypes fabriqués de toute pièce.

Bravo, Yannick. Tu viens de décrire l'un des piliers du patriarcat. Je dois admettre que je trouve ça assez épatant que tu te sois non seulement tendu un piège aussi gros, mais que tu sois assez aveugle pour ne pas te rendre compte que tu donnes en tout point raison au "non-sens" que tu méprises. Tu as toi-même invité de Beauvoir dans la discussion, ce qui aurait sans doute suffit. Mais rappelons aussi que Judith Butler consacre, à ce même sujet, une bonne partie de son ouvrage "Trouble dans le genre". Ouvrage que tu prétends pourtant connaître. Il n'y a pas de honte à ne pas savoir lire, Yannick Rolandeau, Homme de Raison. Et il est tout a fait naturel de ne pas toujours tout comprendre. Personne au monde n'a la science infuse. En revanche tu m'excuseras si j'ai une dent contre les personnes qui ne savent rien, décident par avance que le savoir n'a aucun intérêt, et s'accordent par la suite le droit de venir nous donner la leçon. Yannick, c'est peut-être dur à entendre pour les gens comme toi mais...



Tu ne sais pas.



    C'est fini pour aujourd'hui! On se retrouve très bientôt pour la quatrième et dernière partie de notre voyage! Le temps de retrouver nos esprits et, putain de bordel de merde, se reposer un peu.

Prenez soin de vous.
Cass

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