02/05/2021

COMBAT SANS CODE D'HONNEUR

Rebonjour!

    Ceci est la deuxième partie de notre voyage à travers les étranges contrées de Transphobeland™! Vous pouvez retrouver la première partie ici!


exemple de journaliste approchant son sujet de façon impartiale et intègre,
sans jamais déshumaniser les personnes concernées

    Je vous propose aujourd'hui de continuer les festivités avec cet article de Marianne (joie et allégresse!), publié en août 2020. Je peux vous le dire tout de suite : y'a rien qui va, et c'est du sale. Pourtant, de loin, on pourrait croire que l'article fait de grands efforts pour rester neutre et objectif, en tout cas plus que le précédent, notamment en citant de nombreux avis divergents (on remarquera tout de même qu'aucune personne trans n'a été interrogée). Mais bon dès qu'on y regarde de plus près ça se corse...

    Honnêtement je vous conseillerais presque de le lire en entier (avec une combi de protection et toutes les alarmes de sécurité qui sonnent) parce que c'est vraiment un best of de la transphobie! En un seul texte on a un résumé de pratiquement tous les fronts sur lesquels nous sommes attaqué-e-s en ce moment, c'est assez formidable. Les conflits au sein des milieux militants bien sûr, mais aussi la question du langage "orwellien", sans oublier "mais qu'arrive-t-il à nos enfants???", les sports professionnels, et même "dans quelle prison va-t-on les enfermer???". Mention spéciale pour l'utilisation de "vulgate transactiviste" au lieu "d'idéologie transgenre", Monsieur Hadrien Mathoux vous gagnez un point pour l'utilisation de votre vocabulaire. Malheureusement le fond du texte reste le même malgré vos efforts.

    Je vais faire de mon mieux pour décortiquer tout ça mais ça reste un sacré morceau. Chaque sujet abordé ici pourrait facilement prendre un article entier à lui tout seul, mais je vais faire de mon mieux pour vous donner les bases. Je vous avertis aussi que nous allons discuter, brièvement, d'abus physiques et mentaux envers les enfants ainsi qu'envers des adultes (notamment dans un contexte médical), et de viols (en fin d'article). Je ferai mon possible pour ne pas rentrer excessivement dans les détails sur ces sujets, en partie parce que je ne pense pas être qualifiée pour les aborder en profondeur, en partie parce que je ne considère pas que cela soit nécessaire pour analyser notre article du jour. Ok? Alors si vous êtes tou-te-s prêt-e-s...


Les "Transactivistes"

    Commençons peut-être par le fait que le Mathoux passe son temps à ridiculiser les personnes trans et leur lutte. Les situations où des personnes trans sont poussées à justifier leur identité sont constamment décrites avec des termes tels que "lunaire""ubuesques""baroque", ou "surréalistes". Chaque agression contre nous relève ici du bon sens, tandis que nos réactions sont toujours aberrantes. Prenez par exemple la façon dont il relate cet incident:

"Un épisode lunaire l'a illustré près de Liverpool, le 8 mars dernier. Le conseil de Sefton (autorité administrative qu'on peut comparer à un conseil métropolitain), pour célébrer la journée des femmes, décide de dresser un drapeau orné de la définition de la femme selon le dictionnaire : "Femme, nom commun : être humain adulte de sexe féminin". Sacrilège ! Sur Twitter, un transactiviste lance l'alerte : "Le drapeau que vous faites flotter est un message subliminal hostile et transphobe" tweete Adrian Harrop, dénonçant la reprise d'un symbole créé par "un groupe de haine transphobe" au Royaume-Uni. Penaud, soucieux de "n'exclure personne", le conseil de Sefton a immédiatement fait retirer l'infamante bannière."

En lisant ça il est évident que la réaction des "transactivistes" semble absurde et disproportionnée... Sauf bien sûr si on prend en compte le fait que, oui, la définition du dico exclue bel et bien les femmes trans, mais surtout que cette définition (sous cette forme ou une autre) est constamment et délibérément utilisée par les TERFs (et les transphobes en général) pour "prouver" que la transidentité c'est n'importe quoi, mais aussi comme une sorte de signe de ralliement, à la manière d'un dog whistle. Rappelez-vous le "Nous sommes des femmes car nous avons des vulves" cité dans la partie précédente. C'est la même chose ici. On en appelle au fameux bon sens (en l'occurrence ce bon vieux dico immuable et omniscient qui régit les lois de l'univers, c'est bien connu), et on est bien malin de le faire car quiconque s'oppose à notre provocation ou tente d'expliquer ses connotations passe pour un sacré hurluberlu.

    Le Mathoux nous ridiculise de manière similaire à chaque fois qu'il relate ces événements ô combien saugrenus dans lesquels une personne "au corps d'homme" viendrait affirmer qu'elle est une femme (ou qu'elle est non-binaire). Entre ça et les propos de la Stern vus plus tôt, on parle de nous comme si on venait vraiment d'un autre monde et qu'on ne se rendait pas compte de l'absurdité de ce qu'on raconte (ou, bien sûr, qu'on en aurait conscience mais qu'on forcerait la main de tout le monde pour arriver à nos fins secrètes MAIS BREF). Eh, monsieur le journaliste, j'ai un scoop pour vous:

On a grandit dans le même monde que vous. On a nous aussi été en cours d'SVT. On sait exactement à quel point la transidentité peut paraître étrange ou absurde. On le vit au quotidien.  On sait exactement à quoi on ressemble. On sait exactement ce que vous pensez de notre apparence. Vous ne ratez jamais une occasion de nous le rappeler.

    Cette absurdité, sachez qu'en coulisse on en rit, on en joue, on en discute, on s'en inspire, on s'en abreuve. La raison pour laquelle on fait bloc lorsqu'on est sur le devant de la scène, la raison pour laquelle on se plie en quatre pour éliminer toute nuance et distiller notre expérience entière en quelques slogans qui, oui, ont pour but d'arrêter tout débat, c'est précisément parce que vous exploitez chaque nuance et chaque fissure, pour nous blesser, pour nous humilier, pour nous chasser. Au lieu d'explorer les complexités du genre humain avec nous, vous alimentez constamment entre vous les mêmes fausses discussions qui tournent en boucle et à vide, avec pour seul but de nous empêcher de prendre la parole. Donc oui, ne vous déplaise, parfois on fait bloc, excusez-nous si ça vous prend de court. Je pense que c'est de bonne guerre.


Orwell Orwell Novlangue Orwell

    En parlant de faux débat, la question du vocabulaire est un thème récurrent dans les discours transphobes. Voyons ce qu'en disent le Mathoux et une militante qu'il cite:

"D'après Sophie, "il y a des villes où on ne peut plus se réunir publiquement entre lesbiennes sans se faire attaquer par des collectifs se réclamant de l'autonomie et des luttes contre les oppressions de genre. On se retrouve avec parfois 15 ou 20% de 'lesbiennes' de sexe masculin (sic) qui exigent que nous changions nos mots pour adapter un néo-langage orwellien". La sacro-sainte "inclusivité" peut en effet prendre des tournures curieuses, lorsqu'il s'agit d'adapter le vocabulaire : il ne faut ainsi plus dire "femme enceinte" mais "personne enceinte", afin de ne pas "exclure" les hommes trans (au corps de femme mais de genre masculin) ou "non-binaires", également susceptibles d'être "enceints". Dans le même ordre d'idée, on ne parlera pas de "femme" mais de "personne qui a des règles", ou même de "personne à vulve", cette fois-ci pour ne pas "invisibiliser" les femmes trans ..."

Donc on les "attaque" parce qu'on exige qu'elles adoptent un langage "orwellien", et apparemment on fait carrément sauter des expressions entières: "il ne faut [...] plus dire ...", "on ne parlera pas de ...". Mince alors les transactivistes veulent vraiment faire tout disparaître, jusqu'au mot "femme" lui-même!!!

"Pour les militantes lesbiennes interrogées dans le cadre de cet article, ces contorsions langagières dissimuleraient une volonté d'invisibilisation des femmes et de la spécificité de leurs combats."

Nous sommes démasqué-e-s!! Vous aurez d'ailleurs remarqué que je n'utilise jamais les mots "femme" "homme" ou dérivés, si vous croyez que je les ai écrits c'est faux c'est une illusion d'optique, je suis déjà en train de vous laver le cerveau en douce! Ou alors, hypothèse audacieuse, peut-être que les transphobes exagèrent un tout petit peu la vérité afin de justifier leur rejet des personnes trans? Nous ne le saurons jamais.

En fait c'est exactement le même discours que celui qui nous accuse de """"coloniser"""" les milieux féminins, sauf que cette fois ce sont nos mots qui s'infiltrent et cherchent à réduire les femmes au silence. On ne change pas une tactique qui gagne, je suppose.

    Cisgenre, transgenre, non-binaire, écriture inclusive, néo-pronoms, je peux comprendre qu'au premier abord on s'y perde. C'est tout à fait naturel d'être un peu confus-e quand on ouvre pour la première fois la porte d'un nouveau lexique, en particulier s'il s'agit d'un domaine qu'on pensait être acquis et stable. Mais la vérité c'est que dès qu'on commence à interroger ou se documenter sur un aspect particulier de la vie, quel qu'il soit, il devient vite nécessaire d'adapter son vocabulaire afin d'être plus précis-e et pertinent-e. Et on s'aperçoit très vite que les définitions du dico ne tiennent pas forcément la route. Si vous avez fait des études dans un domaine spécialisé vous savez probablement de quoi je parle. Ainsi, dans certaines situations (comme par exemple dans un cadre médical), il est simplement plus précis de dire "personne possédant un utérus" que simplement "femme". Toutes les femmes n'ont pas d'utérus, et toutes les personnes qui ont un utérus ne sont pas des femmes. Le mot "femme" ne disparaît pas pour autant, mais si on parle spécifiquement d'utérus, bah, faut parler spécifiquement d'utérus, c'est pas si compliqué! Le problème avec la question du genre, c'est qu'il s'agit aussi d'êtres humains, qui se démènent pour qu'on les laisse exister. Si on ne fait pas l'effort de créer une place pour ces personnes dans notre langage, comment peut-on prétendre leur laisser une place dans notre société? Si on ne peut pas nommer une idée ou la décrire, comment l'expliquer, la penser, la partager?

    Si ma mémoire ne me fais pas défaut, le problème avec la novlangue de "1984", ce n'est pas que le Parti se permette d'inventer de nouveaux mots, c'est que ces mots sont spécifiquement inventés pour en chasser d'autres, pour limiter la pensée des gens et limiter leur capacité à communiquer. Les personnes cis peuvent probablement passer leur vie sans trop se questionner là-dessus, mais en tant que personne trans, tout ce vocabulaire est un besoin vital. Rencontrer les concepts queers pour la première fois, c'était comme prendre une bouffée d'air frais après avoir passé 20 ans en apnée. Pourtant ce vocabulaire est très imparfait, et les mots semblent encore nous manquer pour arriver à vraiment communiquer les nuances de nos expériences. Je pense sincèrement que notre vocabulaire actuel deviendra obsolète dans les décennies à venir, au fur et à mesure que notre compréhension de l'humain s'approfondisse, et que les normes sociales évoluent. En fonction de la direction que la société prendra bien sûr... Mais j'espère vraiment que les générations futures se foutront de notre gueule, et auront accès à de meilleurs outils de communication. En attendant on fait avec ce qu'on a, on invente, on tâtonne, on adapte, on essaye. On a besoin de ces mots, non seulement pour communiquer mais pour nous construire nous-mêmes, pour nous penser. Chaque fois que vous entendez les réacs hurler "Orwell! Novlangue! Orweeeell!", posez-vous cette question: qui essaye d'effacer qui, vraiment?

    Ceci étant dit, parlons donc des gosses! J'ai même pas envie de m'arrêter sur le fait que le Mathoux place toute la responsabilité de toute tension ou conflit sur les défenseurs de la transidentité et jamais sur leurs opposant-e-s parce que c'est chiant, c'est trop facile, c'est toujours la même chose, on a compris: s'il y a conflit c'est toujours la faute des gauchos des progressistes et des minorités et les groupes qui leur font face n'ont jamais, jamais rien à voir là-dedans bien évidemment PARLONS DES GOSSES!


Les Gosses

    Sachez que les transphobes ont beaucoup d'opinions sur les gosses. Beaucoup d'opinions très étranges. Je vous laisse admirer cet exemple:

"Debrah Soh, docteure en neurosciences, [...] souligne dans Le Point un fait passé sous silence par les transactivistes [on n'en rate vraiment pas une]: "En l'état actuel des connaissances, toutes les études longitudinales menées sur des enfants dysphoriques montrent que la majorité cesse de l'être au cours de leur développement : à la puberté, ils dépassent progressivement leur impression d'être dysphorique et, à l'âge adulte, deviennent des personnes homosexuelles et non pas transgenres." [...] Si la dysphorie de genre, ne s'efface pas, des traitements hormonaux voire une opération chirurgicale peuvent effectivement être une solution pour l'apaiser, mais "considérer que l'homosexualité est préférable à une vie de supplémentation hormonale, d'opérations chirurgicales et de risques de stérilité ne devrait rien avoir de polémique", estime Debrah Soh."

J'aime bien le fait que les mêmes personnes qui nous accusent d'être grotesques et d'avoir une vision absurde du genre et de la sexualité se permettent de sortir sans sourciller du non-sens aussi extraordinaire... "...considérer que l'homosexualité est préférable à une vie de supplémentation hormonale, d'opérations chirurgicales et de risques de stérilité ne devrait rien avoir de polémique" mais putain mais de quoi vous parlez???? La première fois que j'ai lu ça ça m'a donné la migraine. Bon, essayons d'en tirer quelque chose: iels sont en train de se plier en quatre pour nous faire croire que les trans forcent les enfants à transitionner, comme si on leur mettait la méga pression dès qu'on percevait une once de non conformité de leur part, alors qu'en fait si on les laissait tranquilles les gosses se rendraient compte avec le temps qu'iels sont juste gays et que c'est "préférable".

Encore une fois parce que j'ai un hurlement qui me remonte du fond de mes tripes ON VIT DANS QUELLE DIMENSION LÀ???????

    De un: si vous pensez que la "pression" à devenir trans est un réel problème je vous invite à prendre en considération la putain de pression à rester cis (et hétéro) à tout prix, qu'on subit toute notre vie et qui est omniprésente dans chaque article exploré dans cette série. Pourtant les TERFs en particulier nous ressortent tout le temps la même idée à différentes sauces, qu'on forcerait les enfants à transitionner, qu'on leur mettrait une pression phénoménale, que ce serait un effet de mode, le fameux rapid-onset-gender-diphoria (alias "mon enfant me dit qu'iel est trans, c'est forcément parce qu'iel s'est fait-e endoctriner par ces sales transactivistes") etc etc. Et ça ruinerait leur vie évidemment, parce que le vrai problème c'est pas que les trans sont persécuté-e-s, c'est d'être trans en soi.

    De deux: il est où le putain de rapport avec l'homosexualité? Le même article se foutait de la gueule des femmes trans lesbiennes, mais maintenant la transition ce serait un fléau qui s'abattrait sur les jeunes gars homosexuels?? Ah, pardon oui, c'est parce que les adultes trans sont des pervers qui veulent tout corrompre, et les jeunes trans sont leurs victimes dans ce scénario, pardon j'étais pas concentrée. Bref. Il est vrai que transidentité et sexualité peuvent être liées, mais en aucun cas de manière aussi simple. En fait les personnes trans peuvent être homo? Y'en a des bi y'en a des pan y'en a des gay y'en a des lesb y'en a des ace y'en a même des hétéros, enfin on est des gens, pas des machines! Transitionner n'annule pas la sexualité des gens c'est du non-sens pur et simple. Et toutes les transitions ne sont pas les mêmes. Le seul moyen de tirer un semblant de logique de toutes ces balivernes c'est de se mettre dans la tête d'un-e transphobe et homophobe, où la transidentité serait une perversion ou un dérivé de l'homosexualité (mais à ce stade honnêtement j'arrive plus à suivre le délire donc je fais que supposer).

    Détail très important tout de même: la transition est présentée ici comme une déviation. La vie de ces ptits gars pourrait suivre son cours, en étant simplement gays ("préférablement" gays), mais les méchants trans les ont fait dévier vers un autre chemin et maintenant c'est la merde pour eux. C'est pour cela, il me semble, qu'on se met soudainement à compartimenter homosexualité et transidentité comme deux voies parallèles et exclusives, pour dénoncer les "transactivistes" qui viennent perturber le cours naturel des choses, qui rajoutent un chemin là où il ne devrait pas être. Sauf que dans le monde réel de la vraie vie on essaye simplement d'éduquer les gens et d'accompagner les jeunes personnes lors de leurs questionnements, afin de leur donner l'option d'effectuer une transition, à leur rythme, si c'est le bon choix pour elles. Indépendamment de leur sexualité parce que c'est même pas le même sujet. Et, on ne le répétera jamais assez apparemment, toutes les transitions sont différentes. Y'a aucun passage obligé.

En aucun cas les assos trans essaieraient de convertir des jeunes cis (parce que oui la Soh nous accuse de faire des thérapies de conversion, ce qui est particulièrement fort de café de sa part). Tout simplement parce que l'on sait très, très bien à quel point ça peut être violent et douloureux, de forcer une personne à mimer un genre qui n'est pas le sien, ou à subir des transformations qu'elle n'a pas souhaitées. En aucun cas nous ne voulons forcer qui que ce soit, ce serait tout simplement horrible. C'est ce qu'on nous fait subir. Au contraire nous voulons accompagner les jeunes personnes qui le souhaitent pour leur faciliter la tâche, dans l'espoir qu'elles puissent éviter une partie de nos souffrances. Mais laisser les gens choisir leur trajet c'est déjà faire dérailler le train, apparemment.

    Évidemment les vicieuses attaques trans contre nos enfants si purs ne s'arrêtent pas là. Au sujet des enfants se déclarant trans au Royaume-Uni, le Mathoux dit:

"Une étude menée par la physicienne Lisa Littman — aussitôt accusée de transphobie [à nouveau le bon sens face aux trans irascibles]— a montré que 63% des enfants avaient fait l'objet d'un diagnostic concluant à de sérieux troubles psychiatriques ou à des incapacités neurodéveloppementales avant de demander à changer de genre."

63% des enfants des 256 sondages utilisés dans l'étude, pas 63% des enfants trans au Royaume-Uni, tu devrais peut-être déjà préciser ça Mathoux. Ici nous voyons qu'apparemment, non content-e-s d'exploiter les jeunes gays, les trans abusent aussi de la vulnérabilité des jeunes personnes atteintes de troubles psychologiques. Cependant l'étude en question a l'air très... orientée... si je puis dire. On remarque tout de suite l'utilisation de l'expression "rapid onset gender dysphoria", que j'ai évoquée plus tôt, utilisée ici pour décrire une "soudaine" "épidémie" de dysphorie de genre qui serait en partie causée par internet et les réseaux sociaux, ainsi que par la fréquentation de communautés queers et trans. En voilà un bien curieux phénomène dites-donc. Notez bien que cet argument vient du point de vue que la dysphorie de genre devrait être un mal diagnostiqué, avec des critères précis, que la transition devrait être un processus exclusivement contrôlé par les médecins, et donc que cette forme "d'autodiagnostic" serait un problème (car ce ne serait pas de "vraies" personnes trans mais seulement des jeunes trop influençables). Ça se base entièrement sur l'idée que la transidentité est essentiellement une maladie mentale. Ce qui n'est rien de plus que de la grosse connerie, une vision très arriérée (mais toujours généralisée) et simpliste de la transidentité. Dans les faits, ce n'est rien de plus qu'un moyen supplémentaire de nous contrôler et nous mettre des barrières si on a le malheur de ne pas répondre à tel ou tel critère arbitraire. C'est pas moins ignoble que traiter l'homosexualité comme une maladie, et c'est un point de vue répété plusieurs fois au sein de l'article: "Marguerite Stern tient elle à opérer une distinction entre "les personnes trans qui souffrent de dysphorie de genre, problème psychiatrique reconnu, et les transactivistes qui viennent coloniser le débat féministe en ramenant tout à elles". Mais passons.

    L'étude nous raconte donc que les gosses se retrouvent dans des groupes ou leurs ami-e-s transitionnent aussi, qu'iels ne feraient confiance qu'à des sources trans pour parler de dysphorie de genre, et que suite à leur transition leur santé mentale, ainsi que leurs relations avec leurs parents, se seraient dégradées. Je suis profondément choquée, qui pourrait trouver une explication simple et rationnelle à un tel endoctrinement de nos pauvres enfants par la faute de l'idéologie trans qui se propage inlassablement sur internet??? Sans vouloir me faire passer pour une sociologue, je pense que si on examinait la manière dont les parents et les proches de ces enfants traitaient leur transition, nous pourrions probablement déceler un début de réponse concernant le déclin de leur santé mentale. Cela pourrait, probablement hein, nous aider aussi à expliquer leur manque de confiance envers les personnes cis en général et leur besoin de rejoindre d'autres personnes trans. Enfin j'suis pas experte...

    Je vais être honnête: je ne pense pas que cette étude soit très sérieuse. Peut-être un poil de brin biaisée, cette étude, si j'ose dire. En fait je dirais même que je pense que c'est un gros tas de morve ambulant qui a pour but de générer de l'inquiétude vis-à-vis de la transidentité, donner l'impression qu'il s'agit d'un endoctrinement, et servir de munitions aux discours transphobes, purement et simplement. On va dire que ce qui m'a mis la puce à l'oreille c'est le fait que ce soient exclusivement les parents qui aient répondu au sondage, et donc que tout fait reporté est ici filtré à travers leurs yeux, et jamais entendu de la bouche des enfants elleux-mêmes. Sans même parler de la manière dont ces parents furent sélectionnés: en choisissant directement, et uniquement, trois sites destinés aux parents sceptiques voire hostiles vis-à-vis de la transidentité pour un, je cite, "recrutement ciblé".

Excusez moi mais vous seriez pas un peu en train de vous foutre de notre gueule là des fois?

Je serais morte de rire si c'était pas aussi affligeant. Enfin. Par souci de transparence je me dois tout de même de préciser que le sondage a bien été partagé sur un (seul) groupe Facebook de parents pro-trans, mais pas par la chercheuse elle-même. Sauf erreur de ma part, nous ne savons pas quel pourcentage des sondages collectés vendrait de ce groupe-ci. Littman a bel et bien sélectionné trois communautés de parents transphobes avec lesquelles elle était en lien, avant que son sondage soit partagé plus tard sur un (seul) groupe pro-trans, par une personne tierce.

    Bref. Cet article ne le mérite clairement pas, mais je vais néanmoins me risquer à nouveau à une réponse sérieuse. Je peux croire sans aucun mal que de nombreuses jeunes personnes présentent des troubles psychologiques avant ou après leur coming out, et/ou aient été diagnostiquées comme étant neurodivergentes, d'une manière ou d'une autre. En vérité de nombreuses personnes trans sont aussi neurodivergentes. L'un n'exclue en aucun cas l'autre, et pourtant cette neurodivergence est souvent utilisée comme excuse par les médecins pour empêcher une personne d'entamer sa transition (sous prétexte qu'elle ne serait pas apte à se connaître elle-même). Pour ce qui est des troubles psy, il est très probable que ces maux soient liés à la dysphorie de genre ou à la transphobie de l'entourage, mais ils peuvent tout aussi bien émerger de facteurs complètement extérieurs, n'ayant aucun rapport avec la transidentité. Suggérer que toutes ces personnes, soit parce qu'elles sont neurodivergentes, soit parce qu'elles souffrent de maladies mentales, ne sont donc pas en mesure de connaître ou même d'explorer leur propre identité, ne sont pas en mesure d'avoir de l'autonomie sur leur propre corps et sur leur image, est encore une fois d'une cruauté extrême.

    La santé mentale des enfants et des adolescent-e-s est un sujet grave, et la première chose à faire pour les aider à mieux vivre c'est de les considérer comme des êtres humains, et les prendre au sérieux quand iels nous disent ce qu'iels ressentent. Il est tout à fait possible qu'une personne pensant être trans se rende compte qu'elle s'est trompée, ou tout simplement qu'elle change d'avis plus tard. Pourtant mon petit doigt me dit que la réponse à une telle situation n'est pas d'interdire à quiconque de transitionner ou de renforcer notre contrôle sur les personnes trans, mais peut-être, au contraire, d'accompagner les gens avec respect et empathie, partager les informations le plus possible et leur donner plus d'autonomie et de contrôle sur leur propre existence, y compris la liberté de pouvoir changer d'avis. Peut-être? Juste une idée comme ça? Mais bon je suis une dangereuse transactiviste donc tout ce que je dis n'est que tromperie.


Le Sport

    Bon ça commence à faire long tout ça, il est temps d'attaquer la fin de l'article. À ce stade du récit du Mathoux vous avez intérêt à être convaincu-e-s des terribles dangers qui se cachent derrière "la sacro-sainte "inclusivité"" parce que c'est le seul fil rouge qui lie tous ses paragraphes, et qui nous permet de faire semblant qu'il y a encore un rapport avec les conflits intra-militants des premières lignes. Dans cet avant-dernier paragraphe le Mathoux nous sort ses derniers atouts (histoire de bien enfoncer le clou), avant de nous lâcher, la tête pleine de tous les arguments de base pour aller faire chier les trans sur les réseaux et voter à droite pour contrer la menace, bravo soldat!

    Le Mathoux enchaîne donc avec le sport, en nous parlant de ces "personnes nées hommes mais se déclarant femmes" (remarquez comment il remet subtilement en question leur sincérité) qui "écrasent de leur supériorité" les compétitions féminines. Il mentionne ensuite Laurel Hubbard et Rachel McKinnon, deux championnes trans de haut niveau, en haltérophilie et en cyclisme, respectivement. Je donnerai ici un deuxième point au Mathoux pour avoir fait l'effort de ne pas confondre hommes et femmes trans, comme c'est souvent le cas quand les transphobes abordent le sujet. Donc apparemment on infiltre aussi les compétitions de sport pour les dominer. Mince, on attaque vraiment sur tous les fronts à la fois, de loin on pourrait presque croire qu'on serait des individus qui essayent de vivre leur vie et faire partie de la société, heureusement que Marianne est là pour nous dévoiler la vérité! Comme je le disais plus tôt, la place des personnes trans en athlétisme est une autre "discussion" qui revient souvent ces temps-ci. Avant d'aller plus loin, et au risque d'en surprendre certain-e-s, je dois vous avouer que je n'y connais rien en sport (bien que j'aie entendu parler du concept une fois ou deux). J'ai cru comprendre que ce qui était reproché aux femmes trans (cette fois-ci), c'était que notre "corps d'homme" nous donnait un avantage, qui ne pouvait être totalement annulé par une transition médicale.

    Bien sûr ce qu'on nous reproche véritablement à demi-mot c'est d'être des mecs qui abusent des institutions sportives qui veulent paraître "inclusives", afin de nous inscrire côté femmes et en profiter pour rafler les médailles parce que c'est comme ça que ça marche dans la vraie vie du monde réel si si j'vous jure mais on peut pas le dire à haute voix parce que sinon tout le monde va voir qu'on dit que de la merde oups pardon mes doigts ont glissé je voulais pas écrire ça.

    Encore une fois je ne m'y connais pas, et il est difficile de trouver des sources sur le sujet qui semblent un tant soit peu raisonnables. Je dirai néanmoins que l'une des sources de confusion sur la question semble résider dans le manque certain d'études sur les corps trans, énorme lacune qui ne nous simplifie pas vraiment la vie et que beaucoup aimeraient voir comblée. Enfin, curieusement je vois rarement nos attaquant-e-s exiger des recherches plus poussées avant d'essayer de nous bannir purement et simplement des compétitions. C'est bien étrange. Mais prenons le risque de leur céder un peu de terrain et mettons que vivre une puberté "masculine" nous donne un avantage, qui demeure malgré les traitements ou les opérations. Pourquoi pas, j'y connais rien, et comparé à tout ce que j'ai déjà entendu ça paraît sensé. Mettons donc.

    Mais j'ai beau avoir mis le donc, j'ai tout de même du mal à croire que cet avantage soit si "écrasant", et surtout qu'il compte dans toutes les disciplines sportives, ou même la plupart. À les entendre on pourrait croire que les meufs cis n'ont jamais battu de records et seraient incapables de gagner face à des mecs? Je voudrais pas dire à haute voix que leurs arguments sont fondamentalement basés sur un point de vue misogyne dans lequel toutes les femmes sont fragiles et les hommes leurs sont naturellement supérieurs, mais comme de toute manière les transphobes ne font que nous attaquer à coup de sous-entendus, je vais me permettre de laisser sous-entendre que leurs arguments sont fondamentalement basés sur un point de vue misogyne dans lequel toutes les femmes sont fragiles et les hommes leurs sont naturellement supérieurs. Sans parler, du fait, que, encore une fois, toutes les transitions sont différentes, nos corps différents réagissent différemment à différents traitements, et qu'en est-il des meufs qui ont commencé leur traitement tôt et n'ont donc pas vécu de puberté "masculine" AH OUI PARDON VOUS VOULEZ LES EMPÊCHER DE FAIRE ÇA AUSSI!

    L'article du Mathoux passe le plus clair de son temps à cracher sur les personnes qui ont transitionné à l'âge adulte, parce que leur apparence ne lui convient pas ou parce que les effets de la première puberté seraient irréversibles, et dans le même mouvement essaie de nous convaincre de la nécessité d'empêcher les jeunes de transitionner à l'adolescence. Ce n'est pas une erreur, c'est une hypocrisie qu'on retrouve systématiquement dans ce type de discours. Iels savent très bien qu'iels ne peuvent pas déclarer ouvertement vouloir effacer notre existence à chaque étape de notre vie, donc iels trouvent des prétextes pour obtenir le même résultat.

    Excusez-moi les transphobes, mais vous pouvez répéter autant de fois que vous le voulez que vous cherchez à "préserver l'intégrité de l'athlétisme féminin", lorsqu'on vous voit utiliser les mêmes rhétoriques pour attaquer des athlètes intersexes et/ou racisées, allant jusqu'à commettre exactement les mêmes crimes dont vous nous accusez en les forçant à suivre un traitement hormonal, voire à subir des opérations chirurgicales irréversibles, on peine à vous croire.

Extrait de l'article pour France TV Sport: "Les procédés employés pour déterminer les caractères sexuels d’une athlète, notamment sa testostéronémie, sont fondamentalement subjectifs et dégradants. Par exemple, examiner la taille du clitoris d’une femme ou l'implantation de ses poils pubiens, à la recherche d’indices de 'virilisation' dus au taux de testostérone, non seulement l’expose à être scrutée de façon dégradante, mais repose sur des déterminations arbitraires, fondées sur des stéréotypes de genre", dénonce encore HRW [Human Rights Watch]. De plus, d’après les recherches de l'organisation, les athlètes ne sont souvent que partiellement informées au début d’un processus d’examen ou d’une enquête. "On leur présente généralement des options d’interventions médicales, mais sans leur donner réellement le choix", constate l'ONGI."

    En ce moment même, le même discours est utilisé pour interdire aux jeunes filles trans de participer aux sports féminins à l'école, et pour autoriser des adultes à examiner les organes génitaux des enfants en cas de doute sur leur genre:

"The bill [...] allows a school or competitor to lodge a complaint about an athlete competing in a girls’ or woman’s sport. If the party complaining suspects the athlete was not assigned the female gender at birth, the athlete in question will have to prove their birth gender — via a genetic test, a test of their testosterone levels or an examination of their reproductive anatomy by a medical professional — in order to compete."

Je répète: les arguments sensés "préserver l'intégrité de l'athlétisme féminin" à un niveau professionnel sont utilisés pour discriminer contre des enfants trans dans le milieu scolaire. Notons aussi que toutes ces attaques visent spécifiquement les femmes (trans comme cis). Curieusement.

    Je retire ce que j'ai dit, ce n'est pas qu'on a du mal à vous croire, chèr-e-s transphobes, c'est qu'on peut voir le reflet de vos cartes sur votre front luisant de sueur grasse, pendant que vous vous léchez les babines en pensant au nombre de personnes que vous allez pouvoir torturer. Mais bien évidemment c'est vous qu'on persécute dans cette histoire. C'est vous qu'on accuse à tout va et qu'on attaque sans raison. C'est votre monde qui est en danger et doit être défendu. Car malgré tous vos efforts, nous osons encore continuer d'exister. Et notre existence est un acte de violence.


La Prison

    Pour terminer sa démonstration, Hadrien Mathoux mentionne deux faits divers dans lesquels "la peur de ne pas être suffisamment "inclusif" a visiblement pris le pas sur les précautions de sécurité élémentaires". Il s'agit de viols. Je ne m'attarderai pas sur les détails, mais je pense qu'il est important que j'y réponde. Vous pouvez passer directement aux derniers paragraphes de cet article si vous ne souhaitez pas lire ce qui suit.


...

    Mathoux nous parle donc de deux femmes trans, Karen White au Royaume-Uni et Janiah Monroe aux États-Unis, qui, durant leur incarcération dans des prisons pour femmes, ont été, respectivement, reconnue coupable d'agressions sexuelles, et accusée de viols, sur leurs codétenues. Les deux femmes n'ont pas eu de chirurgie d'affirmation de genre. Mathoux insiste sur ce point, car c'est sensé montrer à quel point c'était "lunaire" et dangereux de les enfermer avec des femmes cis. L'identité de White est explicitement remise en question dans les trois articles que j'ai lus la mentionnant (l'article sur Marianne, celui de The Guardian cité par Mathoux, ainsi qu'un autre sur BBC). Attention à vous si vous souhaitez lire ces deux derniers articles car ils manquent cruellement de tact dans leur approche (surtout The Guardian). Par principe, et malgré le fait que ce serait bien pratique pour moi d'en profiter pour la renier totalement, je considérerai ici que White est bel et bien une femme trans, et non un mec qui ferait semblant pour tirer profit de ce statut. En revanche je ne vois aucune raison de défendre les actes ignobles commis par ces deux femmes.

    Alors, Hadrien. Après avoir autant tourné autour du pot, après avoir fait de ton mieux pour nous décrédibiliser le plus possible, après nous avoir accusé-e-s de tous les maux de la terre (mais seulement à demi-mot pour éviter d'avoir à te mouiller bien sûr), après t'être planqué derrière des "études" ridicules, après avoir tenté de justifier l'abus d'enfants, après avoir filtré, manipulé, et omis les faits pour servir ton récit, tu as enfin, enfin trouvé deux exemples de personnes trans ayant fait du mal à autrui. Pour la première fois depuis le début de cette série, nous avons enfin un exemple d'actes violents et cruels commis par deux femmes trans! Est-ce que ça valait le coup, Hadrien? As-tu démontré l'ampleur des dangers causés par les "transactivistes"? As-tu enfin prouvé la légitimité des craintes exprimées par des personnes telles que Marguerite Stern? Parce que c'est la même chose, bien sûr, un viol commis en prison c'est comparable à laisser une personne rejoindre un groupe militant, accéder aux soins qu'elle demande, ou faire du sport. Non?

    Laisse-moi te poser une question, Hadrien. Quelle aurait été la solution dans une telle situation? Est-ce qu'enfermer les personnes trans dans telle ou telle prison en fonction de leurs organes aurait résolu le problème? Vraiment? Sans la moindre répercussion néfaste?

Extrait d'un article trouvé sur À Babord!, qui lui-même cite “It’s war in here” : A Report on the Treatment of Transgender and Intersex People in New York State Men’s Prisons: "Dans les prisons pour hommes, les femmes trans sont en proie au harcèlement, à la discrimination et à la violence. Plusieurs affirment craindre régulièrement pour leur vie, comme le rapporte Bianca, une détenue états-unienne, dans un rapport sur l’incarcération des femmes trans dans les prisons pour hommes de New York : « Ma vie est constamment menacée. Je veux seulement sortir d’ici vivante. » Elle rapporte avoir été violée et battue à maintes reprises, notamment par des gardes. La récurrence du harcèlement et de la discrimination est aussi très difficile à vivre au quotidien.

La détention protectrice des femmes trans – séparées du reste des détenu·e·s – ne garantit pas l’absence de violence par ailleurs. Une protection suffisante vient souvent au prix de l’isolement, alors que l’isolement administratif (le « trou ») a été récemment jugé inconstitutionnel par la Cour suprême de la Colombie-Britannique."

    Et si les agressions sexuelles, qui plus est en milieu carcéral, étaient un sujet grave nécessitant une analyse plus complexe que la simple question "qui possède un pénis"? Pourquoi toujours tout ramener à nos organes génitaux? Pourquoi avoir mentionné ces faits-divers isolés que tu qualifies toi-même de phénomène "extrêmement marginal", dans une pathétique conclusion tentant vainement de feindre la neutralité?

...


    De loin, Hadrien, on pourrait presque avoir l'impression que tu instrumentalises ces événements tragiques afin d'attiser les craintes de tes lecteur-rice-s, et donner une légitimité artificielle aux peurs que tu as toi-même aidé à faire germer. On pourrait presque croire que ton article est structuré et écrit de manière à manipuler émotionnellement les gens afin de mieux leur transmettre tes idées et inciter à une haine irrationnelle envers les personnes trans. Je dois admettre que ça expliquerait pourquoi la réalité semble si peu t'importer, si ton but n'était que de la remplacer par la fiction qui t'arrange. Mais loin de moi l'idée de sous-entendre de pareilles choses.

    Plus tôt, j'ai dit que le seul véritable fil rouge de cet article pour Marianne était ce projet de révéler les risques de l'inclusivité et du "transactivisme". Je l'avoue, j'ai un peu menti. Le véritable fil rouge, bien sûr, c'est cette volonté de faire peur, mais aussi cette étrange (et, franchement, répugnante) obsession qu'ont les transphobes pour le corps des autres. Ces corps, adultes et enfants, qu'il faudrait absolument surveiller et contrôler à chaque instant: qui possède quels organes, de quelle taille, combien de poils, quels taux d'hormones... Que ce soit la Stern ou le Mathoux, on continue inlassablement de tout ramener aux corps et à la nécessité, apparemment très pressante, de les contraindre aux deux boîtes prévues à cet effet, deux boîtes qui doivent, absolument, suffire à la société toute entière, dans tous types de situations. À part ça oui, ces deux chiures se rangent bien évidemment du côté du féminisme et du progrès social.


    C'est tout pour aujourd'hui. Cette deuxième partie était assez rude, je vous l'accorde, mais au moins avec tout ça on a fait un bon tour des arguments transphobes les plus communs actuellement! Cependant si vous croyez avoir déjà tout vu, laissez-moi vous dire que vous n'êtes absolument pas prêt-e-s pour ce que nous réserve la troisième partie de notre périple... Nous allons devoir regarder le chaos droit dans les yeux, et tenter malgré tout de nous en tirer avec notre âme intacte. Je serai franche: je ne donne pas cher de notre peau. Profitez du temps qu'il vous reste.

À bientôt les gens, et prenez soin de vous!
Cass

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