09/05/2023

Nos voix sont sacrées (merci d'aller niquer vos races)

    J'aime bien ma voix en vrai. Ou plutôt mes voix, qui fluctuent et se relaient sans trop de contrôle de ma part. Le mieux que je puisse faire c'est essayer de deviner laquelle va sortir, quelle Cass va s'imposer dans quelle situation. Parfois j'aimerais être aux commandes, mais honnêtement, en général ça m'amuse. Et je trouve que ça me va bien. Parfois grave et faussement blasée, parfois nettement plus aigue, un peu niaise et vaguement agaçante. Un shot de trop et ça part en son strident. Mes voix me donnent le ton pour m'aider à décider quel rôle endosser. Le plus important étant que chaque rôle reste vrai. Faites-moi mentir et mes voix s'éteignent, remplacées par un bredouillage monocorde, inaudible. Il vise la transparence, il n'arrive qu'à être chiant. Abrégez ses souffrances et laissez les couleurs déborder, aussi criardes soient-elles.

Aucune idée comment mes adelphes trans vivent leurs voix. Une infinité de relations profondément intimes et individuelles, avec cette partie de notre corps qui ne peut s'empêcher de se montrer au monde. T'auras beau fermer ta gueule elle trouvera bien un autre moyen de s'échapper. Tout ce que je sais c'est que chacune de nos voix est sacrée. Voix rauque de gravier, voix fluette qui papillonne, suave, fluide, hésitante, bégayante, imposante ou discrète, sculptée minutieusement ou brute de décoffrage, voix douce et chaleureuse dans laquelle on aimerait se blottir, ou voix nasillarde juste assez horripilante pour qu'on ait envie de l'embrasser pour la faire taire, voix sûre d'elle ou voix en éternelle mue... Transmascs, transfems, transriens, transtouts, transwhateverthefucks nos voix sont si belles que j'en pète un câble. Je veux continuer de nous entendre parler murmurer gueuler chanter et rire aux éclats tou-te-s en même temps chaque jour jusqu'à ce que le monde s'effondre. À travers chacune de nos voix c'est l'infini qui s'exprime.


    Une personne trans qui partage sa voix c'est un cadeau qu'elle fait au monde. Non pas qu'on ne dise jamais de la merde, loin de là. Mais fort heureusement la merde n'exige aucun respect, un coup de kärcher lui convient. En revanche, attaque la voix elle-même et fais face aux conséquences.

Les gens qui me connaissent savent que j'suis clairement athée (ascendant pentagramme inversé et à bidouiller mes propres mythologies de poche, certes) mais ça va pas m'empêcher de fabriquer un enfer de mes propres mains, puits sans fond de glace et de flammes, de pus et de bile, dans lequel je te laisserai pourrir jusqu'à ce que ton sang se putréfie.

En d'autres termes, ferme ta gueule et laisse-nous l'ouvrir.

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