06/11/2020

ROUGE PROFOND

 Heyo!

Je continue mon grand ménage, et reposte donc ici mon premier court-métrage, ainsi que la vidéo qui l'accompagne.


Me replonger dans ce projet, même brièvement, est assez étrange, c'est le moins qu'on puisse dire... Pour les personnes qui ont peut-être atterri ici sans avoir déjà vu tout ça, sachez qu'il s'agit d'une œuvre *extrêmement* personnelle et intime, donc n'oubliez pas de vous laver les mains après. Mais une chose à la fois.

Pour les deux vidéos qui suivent, attention à vos enceintes et vos casques. J'y connais rien en mixage et en sound design, et j'en connaissais encore moins à l'époque, donc attendez-vous à des sons forts et désagréables (parfois à dessein, mais pas toujours).

Je vous invite tout d'abord à jeter un coup d'œil à la vraie fausse bande-annonce que j'avais réalisée pour ROUGE PROFOND, au moment où j'étais sûre d'arriver enfin au bout de mes déboires. Cette vidéo n'est que mensonges bien sûr (à moins que?), mais voyez-la un peu comme une introduction à ce qui vous attend. Une petite capsule de ma vie à cette époque.
À vrai dire c'est un peu bizarre pour moi de revoir ces images, et j'imagine que ça peut être douloureux pour d'autres. Beaucoup de choses ont changé depuis, toutes nos vies ont continué dans des directions différentes. Une personne n'est plus là.
Sachez que je vous aime encore, mes ami-e-s, même si la communication c'est toujours pas mon fort, ha.


Cette bande-annonce devait être une petite vidéo spontanée et rigolote faite rapidement et sans trop d'efforts, mais elle a son importance je trouve, ne serait-ce que pour donner quelques pistes pour comprendre ce qui suit.

Comme indiqué précédemment, je considère RP comme étant mon premier court-métrage, mon premier projet artistique à la fois personnel (comprendre: "réalisé en dehors du cadre scolaire") et ambitieux. Sans compter tout ce que j'ai pu faire avant que l'art devienne une contrainte pour moi et que je développe tout un complexe à cause de ça mais bref, c'est un autre sujet. Je ne souhaite toujours pas expliquer RP en détail, ou vous donner l'interprétation officielle™ de mon Œuvre, mais je pense que ça vaut tout de même le coup d'écrire deux trois mots sur le contexte qui lui a donné naissance, et comment je vois le truc aujourd'hui.

RP a été bloqué sur Youtube il y a quelques temps, la faute au copyright. Je vous mets donc le lien pour le voir sur Vimeo:

Avertissement de contenu: sang, mort, horreur corporelle/body horror, agression sexuelle

https://vimeo.com/252844449


Ok. C'est un gros morceau. Le court-métrage que vous avez vu (ou pas, vous faites ce que vous voulez) a été le fruit d'un long travail d'introspection et de découverte, à une période charnière de ma vie. L'idée de base était radicalement différente, et le projet a continué de muter mois après mois... Certaines idées se prenaient un coup de hache tandis que d'autres germaient sur leur carcasse. Sadako ne devait absolument pas être là. Elle s'est imposée pendant le voyage. À l'origine je voulais juste faire un montage d'images de films et de jeux. Au bout de quelques temps j'ai décidé de faire quelque chose de plus intime, un autoportrait dans lequel ma forme physique n'apparaîtrait pas ou peu. Je voulais de l'animation en pixel art et en rotoscopie (j'ai encore tous les rushes, jamais je ne pourrais vous remercier assez de m'avoir fait confiance les filles, et encore pardon pour ce que j'ai fait à vos images). Je voulais faire quelque chose de beau.

C'est mort.

Pas avec mon (manque de) matos, pas avec mon ordi qui crache ses tripes, pas avec mes démons qui me rongent l'âme, pas avec mon appartement atroce et mon incapacité à en sortir. À l'époque je n'avais qu'une seule véritable option, que j'ai découverte peu à peu et qui a radicalement changé la nature du projet. Je ne pouvais être que moi, la personne que j'étais à ce moment précis, et personne d'autre. Impossible de faire autrement.

La sincérité était la seule issue. La sincérité, pour moi à cette époque, ça voulait aussi dire "mettre en avant mes défauts le plus possible". En partie pour me protéger des critiques des autres, sans doute (j'en avais déjà un peu conscience). Quand j'ai compris que je ne pourrai pas utiliser de beaux scans propres de mes dessins (mon ordi ne l'aurait pas toléré), je n'ai pas choisi de faire semblant d'avoir ce que je souhaitais. Bien au contraire. Prend tes dessins en photo, accentue les limites du papier, montre les bords, les retouches, que chaque défaut soit évident, qu'on puisse voir et sentir ta main tenir la feuille, tenir la souris, exporter les fichiers. C'est mort, montre tout. Soit nue, pas sans maquillage, mais que chaque artifice accentue tes rides et tes verrues.

J'ai peut-être un poil exagéré sur certains points. On dit parfois que pour leurs premiers films les réals ont tendance à se cacher derrière leurs références. J'ai donc mis mes références au premier plan, et en ai fait ma matière première. Je ne me cache pas: elles sont moi. Mises ensemble avec soin, sélectionnées avec minutie, elles sont qui je suis à ce moment-là. Si je dois faire mon film de jeunesse, que ce soit le film de jeunesse ultime, insupportable.

Si je ne peux faire du beau, alors je ferai un monstre ignoble que tout le monde pourra pointer du doigt.


J'imagine que je pensais un peu comme ça. Ça fait loin maintenant, une vie est passée depuis. Certes, ça peut être un peu gênant, à revoir ou à montrer. Je me sens mal à l'aise face à ce mal-être, cette maladresse, avec toutes mes tourmentes de l'époque, y compris ce que j'ai rejeté depuis. Mais honnêtement? J'en suis encore fière je pense. RP a été ce qu'il avait besoin d'être, ce que j'avais besoin qu'il soit.

De toute manière, ROUGE PROFOND n'est pas moi, ni même le moi de l'époque. Comme dit dans la bande-annonce, RP est "iom", le moi que je voyais dans le miroir, le moi que je suis la seule à connaître, mais qui n'est pas vrai pour autant. Une illusion, qui change avec le temps.

J'ai peut-être tendance à interpréter les allégories et métaphores de façon un peu littérale. Mais si ROUGE est ma créature, je suis certainement son Frankenstein. Peut-être que ROUGE a un peu échappé à mon contrôle, et est devenu son propre être en chemin. Comme mon prédécesseur, je ne peux voir ma progéniture sans être dégoutée. Mais contrairement à cet imbécile je refuse de l'abandonner. Je garde ROUGE près de mon cœur, et je veux qu'il continue de vivre.


Je ne sais pas s'il y a une morale à cette histoire.

Restez en vie, s'il-vous-plaît. Laissez-vous l'opportunité de devenir de meilleures personnes.

Ou peut-être...

Si vous êtes dépressif, devenez une meuf! Vous serez alors une meuf dépressive, et c'est quand même bien plus sympa.


Prenez soin de vous.

Cass

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